Jumat, 26 Oktober 2007

[psikologi_transformatif] Re-narration des expériences musulmanes et occidentales par Audifax

Service de presse Common Ground
Partenaires pour l'Humanité (CGNews-PH)
pour des relations constructives et vibrantes entre communautés musulmanes et occidentales
 
26 octobre - 01 novembre 2007
 

Le Service de presse Common Ground - Partenaires pour l'Humanité (CGNews-PH) cherche à promouvoir des perspectives et des dialogues constructifs sur les relations entre le monde musulman et l'Occident. CGNews-PH est disponible en anglais, en arabe, en français, et en indonésien. Afin de s'inscrire, cliquer ici.

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Dans cette édition
 
1) Le droit de changer de religion par Shaykh Abdallah Adhami
Dans ce dernier article d'une série sur l'apostasie et le prosélytisme, Shaykh Abdallah Adhami, imam arabo-américain et éminent théologien de l'islam, relève que, du point de vue historique, "la plupart des grands systèmes juridiques ont affirmé que l'apostasie doit être punie".
Et pourtant, du point de vue de la religion, et plus particulièrement du point de vue de la charia, il s'interroge: un jugement humain portant sur le "domaine privé de l'apostasie" est-il possible?
(Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007)
    
2) Solidarité islamo-chrétienne: un événement qui fera date par Claude Salhani
Claude Salhani, rédacteur en chef du Middle East Times, analyse la lettre ouverte envoyée la semaine dernière par 138 dirigeants musulmans aux chrétiens du monde, et qui propose que chrétiens et musulmans parviennent à la paix et à l'harmonie. Il y voit un tournant révolutionnaire dans la solidarité internationale.
(Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007)
    
3) Re-narration des expériences musulmanes et occidentales par Audifax
Psychologue et écrivain vivant en Indonésie, Audifax explique comment la re-narration, technique psychanalytique de prise en charge des expériences passées, peut être exploitée, dans le monde musulman comme en Occident, pour traiter les traumatismes engendrés par les "cicatrices" historiques. Il l'applique au fait des croisades, qui fait tant de tort aux relations entre ces deux mondes.
(Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007)
    
4) L'Indonésie: reste-t-il encore une voie laïque? par Ali Noer Zaman
Ali Noer Zaman, écrivain indonésien spécialiste des questions socio-religieuses, décrit le débat qui fait rage dans le monde musulman: l'Etat doit-il être laïc ou islamique? Pour développer son propos, il prend l'exemple de l'Indonésie depuis le début du 20e siècle.
(Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007)
    
5) ~L'opinion des jeunes ~ Quand la BD rapproche les peuples par Michael Chou et Youssef Morshedy
Michael Chou, étudiant en médecine et beaux-arts à l'Université de Melbourne, et Youssef Morshedy, qui se spécialise dans des études de communication de masse à l'Université américaine du Caire, analysent le rôle de la BD et de l'animation comme instruments de diplomatie publique. Prenant acte de la réussite planétaire de l'animation et de la BD japonaises en tant que moyen de diffusion de la culture japonaise via le divertissement, ils évaluent l'impact potentiel de ces médias pour la compréhension islamo-occidentale.
(Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007)
    
 
1) Le droit de changer de religion
Shaykh Abdallah Adhami
 
New York – Depuis le code d'Hammourabi jusqu'à celui de Maïmonide, la plupart des grands systèmes juridiques ont affirmé que l'apostasie doit être punie.

Dans le célèbre code civil de l'empereur romain Justinien (483-565 CE), « corpus juris civilis », qui est la base de tout le droit canon et du droit civil moderne, l'apostasie devait être « punie de mort » et « aucune opinion dissidente n'était tolérante ».

Les codes bibliques stipulent que "celui qui doute de la Torah, ou tourne en ridicule un seul mot de la Torah – ou des auteurs rabbiniques – est un `hérétique' au plein sens du mot, un infidèle … et qu'il n'y a pas d'espoir pour lui". Les lois relatives à un tel mécréant sont très strictes: "il doit être tué immédiatement". Ou comme le conseillait Maïmonide, rabbin et philosophe andalou du 13e siècle, constatant que la loi sur l'apostasie était tombée en désuétude à son époque: "on peut provoquer indirectement sa mort".

De la même manière la loi islamique, la charia, prescrivait la mort pour les cas d'apostasie publique dûment établie. Bien que nous ne possédions pas beaucoup de textes sur l'émergence et l'application de la loi de l'apostasie au début de l'histoire musulmane, son application effective dépendait en général du caractère public ou privé de la déclaration. Au sein de l'Etat islamique, ce que font les minorités, religieuses ou autres, dans leur vie privée restait à leur discrétion, même si, en toute rigueur, cela aurait pu être qualifié de "déviant" ou de contraire à l'enseignement islamique.

La charia, comme toutes les lois religieuses, règle les procédures cultuelles ainsi que les codes de conduite et d'éthique individuels et collectifs. Contrairement aux idées reçues en matière de religion, le royaume terrestre selon la charia s'entend en réalité, à toutes fins pratiques, comme essentiellement séculier.

Du point de vue de la religion, un être humain, de par sa nature profonde, aspire à adorer Dieu sans entrave. Ainsi, le domaine privé de l'apostasie a toujours reflété des dimensions plus complexes qui rendent impossible un jugement humain définitif. Les mystères du coeur et de l'esprit se situent au-delà de la théologie, tout comme ils sont à peine accessibles aux neurosciences.

C'est notre rencontre créative avec la vie terrestre et séculière qui révèle notre capacité à être utile aux autres. C'est l'instrument fondamental qui nous permet de nous élever au-dessus de notre statut spirituel. Une dévotion authentique et sincère devient ainsi le baromètre quotidien de notre état spirituel.

Le débat libre et rationnel a toujours pu trouver place dans le contexte religieux de la charia. Ce phénomène islamique était unique, aussi réel en Europe, à Cordoue, que dans le monde arabe, à Bagdad. Ni la théologie abstraite des philosophes Mutazilites, au 9e siècle, ni la dialectique étrangère sans concessions des Frères de la Pureté, cette confrérie secrète du 10e siècle, n'ont jamais été des motifs suffisants pour qu'on les chasse du giron de l'islam.

La preuve la plus remarquable du fait que l'apostasie "privée" n'est pas punie dans l'islam est l'existence toujours vivace de ceux qu'on appelle "les hypocrites" dans la société à Médine, et ce en dépit des passages sévères à leur sujet dans le Coran. Mieux encore, la pensée "hérétique" privée n'a jamais été ni censurée ni sanctionnée. Tant qu'elle ne fait pas l'objet d'une prédication publique, l'apostasie en soi n'est pas condamnée, et jamais il n'a été dit qu'elle devait être réprimée.

Ce qui permet aux institutions de la société civile de persister ce sont les manifestations extérieures, visibles, de leur stabilité dans le siècle.

Par sa résistance non violente, à La Mecque, et par son action diplomatique pendant la durée du traité d'Houdaibiya, le prophète Mahomet a donné à ses compagnons une leçon semblable. Selon ce traité, le Prophète a permis à des gens d'émigrer sans aucune représailles, en dépit du fait que, ce faisant, ils abandonnaient l'islam (certains n'ayant adopté la nouvelle religion que par intérêt personnel).

Aucun prophète n'a jamais reçu le droit d'émettre un jugement au sujet de la foi d'un être humain — ainsi que le Coran l'affirme de façon réitérée, tout jugement appartient à Dieu seul. En conséquence, le service constructif apporté à nos traditions sacrées consiste à montrer leur pertinence en tant que porteuses d'infinie créativité et non à les rabaisser en les appliquant au jugement de la culture contemporaine.

Nous devons reconnaître et affirmer que la diversité et la différence font partie de l'intention divine à l'égard de la création — "Nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous entreconnaisiez" (Coran, 49.13). Le provincialisme et le relativisme seront toujours des défis à la diversité — surtout lorsque celle-ci se cache sous les habits de la tolérance; et ce n'est pas non plus parce que les gens sont intrinsèquement incapables de vivre ensemble.

Nous avons besoin d'un d'une nouvelle profession de foi envers la vérité et la libre recherche de la vérité dans le cadre de nos institutions établies, savantes et non sectaires. Thomas Jefferson exhortait: "La vérité est... l'opposé adéquat et suffisant contre l'erreur". Ce n'est que dans le cadre de la liberté de parole respectueuse de l'autre et dans le débat que les idéologies peuvent être jugées et contestées sur leurs propres mérites.

La réforme qui fait gravement défaut — sur la planète toute entière — est une réévaluation honnête des sources originelles de tous nos mythes culturels oppressifs et de tous les modes de pensée tyranniques.

En tant que musulmans, nous devons créer un baromètre supérieur pour évaluer ce qui constitue la compétence au service des disciplines érudites de la charia. Nous serions ainsi mieux équipés, en clarté de vue et en assurance, et n'aurions pas besoin de nous manifester par des protestations aussi futiles que passionnées chaque fois qu'un vent fugace semble vouloir interroger notre foi.

Dirigeants religieux de toutes confessions que nous sommes, nous devons reconnaître notre part de responsabilité dans une bonne partie de l'aliénation et des fractures qui séparent les croyants de par le monde. Une telle démarche commencerait à restaurer le crédit de nos institutions, ce qui pourrait à son tour déboucher sur un renouveau de l'imaginaire religieux des masses.

En dernier lieu, nous devons renouveler notre consécration, en tant que dépositaires publics de la foi, à un ethos de service compassionnel et désintéressé. Nous nous élèverons ainsi plus près de l'exemple auquel nous prétendons être fidèles - l'exemple des Messagers Bénis.

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* Shaykh Abdallah Adhami, imam arabo-américain est un théologien islamique de premier plan. Il travaille à l'heure actuelle sur une recherche relative aux implications linguistique de certains vers apparemment problématiques du Coran. Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (apostasie), accessible sur www.commongroundnews.org

Source: Service de Presse de Common Ground (apostasie), 23 octobre 2007, www.commongroundnews.org
Reproduction autorisée.
 
 
2) Solidarité islamo-chrétienne: un événement qui fera date
Claude Salhani
 
Washington – "De la paix entre musulmans et chrétiens dépend l'avenir du monde." C'est le message que porte la lettre ouverte adressée par 138 des plus éminentes autorités musulmanes du monde aux chefs de toutes les églises chrétiennes, y compris le pape Benoît XVI, à l'occasion de l'Aïd el Fitr, le jour saint qui marque la fin du Ramadan.

Branche d'olivier, très médiatisée, tendue à tous les chrétiens, et présentée comme un événement véritablement historique, cette lettre est d'autant plus importante que parmi ses signataires figurent plusieurs responsables de haut rang des Frères musulmans.

"De l'avis général c'est un événement historique", a déclaré John L. Esposito, professeur à l'Université de Georgetown et directeur du Centre pour la compréhension entre musulmans et chrétiens. "Du point de vue de l'histoire de l'islam et du monde musulman, c'est vraiment la première fois que des musulmans prennent l'initiative de dire collectivement ce qui les relie aux chrétiens".

De fait, cette initiative d'autorités musulmanes du monde entier à l'attention de tous les chrétiens est une première. Elle tombe à point nommé, au moment entre les relations entre les deux communautés sont particulièrement tendues.

Ces tensions avaient atteint un point critique avec les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York et à Washington, qui firent près de trois mille morts. A ces attentats, commis par des gens se disant musulmans, ont succédé plusieurs actions meurtrières analogues visant des cibles occidentales à Londres, à Madrid et dans d'autres villes. La controverse sur les caricatures injurieuses à l'égard du prophète Mahomet parues dans un journal danois, avec les émeutes anti-occidentales qui s'ensuivirent de Londres à Islamabad, ne firent que jeter de l'huile sur le feu comme le firent, peu de temps après, les déclarations, jugées malheureuses, du pape sur l'islam et la violence.

Le schisme entre l'Occident et les musulmans semblait bien s'approfondir.

L'invasion de l'Irak et de l'Afghanistan, deux pays musulmans, lancée par les Etats-Unis, avec le soutien d'une coalition de forces essentiellement occidentales, n'a rien fait pour réduire la tension. Et la situation s'est aggravée lorsque le président George W. Bush a commencé à parler de "croisades" dès le début de la guerre en Irak, – et c'est bien comme cela que les musulmans perçoivent désormais l'invasion et l'occupation de l'Irak.

Arrivant, comme elle le fait, dans le paysage tumultueux et tendu des relations entre l'Occident et l'islam, cette lettre constitue réellement "une preuve spectaculaire, révolutionnaire, de solidarité internationale", comme le souligne un communiqué émis au nom de ces autorités musulmanes.

John Esposito, qui est un spécialiste de l'islam, a souligné le fait que musulmans et chrétiens partagent les mêmes principes: amour d'un Dieu unique et amour du prochain. Le théologien de Georgetown a signalé un certain nombre de ressemblances entre le Coran et la Bible.

Malgré des différences linguistiques entre l'Ancien Testament en hébreu, les paroles originelles du Christ en araméen et le texte effectivement transmis, en grec, du Nouveau Testament, les trois versions portent le même commandement: aimer Dieu totalement, de tout son cœur et de toute son âme, et Lui être totalement dévoué. Le Coran, livre saint des musulmans, porte le même message.

"Nous sommes tous concernés par des affrontements d'ordre politique et économique, des difficultés, des luttes, des guerres", a dit Seyyed Hossein Nasr, professeur d'études islamiques à l'Université George Washington, lors de la conférence qu'il a prononcée à Washington pour célébrer l'événement.

Selon les spécialistes de théologie, les différences entre chrétiens et musulmans sont une question de théologie plutôt que de politique.

"Sans un règlement théologique, sans un minimum d'acceptation de l'autre … toutes les autres solutions ne seront que des expédients, qui, tôt ou tard, mourront de leur belle mort", a soutenu Hossein Nasr.

"Après les événements du 11 septembre 2001", a ajouté John Esposito, "la question qu'on se posait généralement était: mais où sont les voix des musulmans modérés? Ce document historique est clairement un message de paix et de tolérance, émanant de 138 autorités musulmanes de tout le monde islamique".

Les auteurs de la lettre sont persuadés que dans un monde dont la population est constituée, pour moitié, de musulmans et de chrétiens, une paix mondiale significative passe nécessairement par le règne de la paix et de la justice entre ces deux confessions.

Les signataires du document, parmi lesquels figurent quelques-unes des autorités islamiques mondiales les plus écoutées, appellent à la tolérance, à la compréhension et à la modération. La singularité de cette approche ne tient pas seulement au fait que des musulmans ont ouvert leurs bras à des chrétiens, mais aussi à ce que, toujours selon Esposito, cette démarche marque "une avancée historique de l'unité islamique".

Dans le cas particulier, il est remarquable que cette initiative regroupe des musulmans de l'éventail complet des tendances, rassemblant des sunnites et des chiites ainsi que des individualités affiliées à différentes écoles de pensée au sein de ces deux branches de l'islam.

L'élément moteur qui a produit cette lettre, de même que celle qu'un petit groupe d'intellectuels avait addressée au pape il y a un an, a été l'Académie Royale de Jordanie, institut islamique international et non gouvernemental dont le siège est à Amman.

Encore que ce document historique porte la signature de 138 autorités musulmanes reconnues, sa réussite requiert le soutien des masses. Sans conteste, cette lettre constitue une avancée encourageante. Pourtant, selon les termes d'un commentateur particulièrement cynique, ces 138 noms, tout reconnus qu'ils soient, ne sont guère que 138 sur 1,6 milliard.

A dire vrai, la tâche qui interpelle les dirigeants musulmans de la ligne classique – à savoir de faire en sorte que l'attention des musulmans et des Occidentaux se détourne de la minorité extrémiste – est tout aussi monumentale que la différence entre 138 et 1,6 milliard.

Mais, comme chacun sait, la foi déplace les montagnes.

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* Claude Salhani est le rédacteur en chef du Middle East Times. Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews), accessible sur www.commongroundnews.org

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007, www.commongroundnews.org
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3) Re-narration des expériences musulmanes et occidentales
Audifax
 
Surabaya, Java orientale – Entre le monde musulman et l'Occident, la confiance ne règne pas, en dépit de plusieurs tentatives pour jeter un pont entre les deux civilisations. Depuis la tragédie du 11 septembre 2001, chacune des parties est devenue encore plus méfiante à l'égard de l'autre. Voyez par exemple les manifestations et la violence qui ont répondu au discours du pape en septembre 2006, ou l'interdiction du hijab en France. Il semble que cette sensibilité persistera aussi longtemps qu'on n'aura pas traité les racines du problème. Sinon, le potentiel de discorde restera, quelles que soient les tentatives faites pour lancer des passerelles entre le monde musulman et l'Occident.

Une des racines de la polémique islamo-occidentale réside peut-être dans le subconscient collectif. Cet élément, qui reste en latence, a cependant le pouvoir de dominer notre comportement conscient. Selon le psychanalyste Carl Jung, la couche la plus profonde de notre personnalité est ce qu'il appelle "l'ombre" et qui contient les qualités personnelles et collectives dont nous avons honte. Ces éléments relativement autonomes prennent part à notre configuration psychologique et sont, par là, capables de déterminer nos comportements concrets.

Or cette ombre étend un nuage sur les rapports entre le monde musulman et l'Occident. Certains éléments de l'ombre sont le résultat d'événements passés qui ont laissé des cicatrices de part et d'autre. Ainsi, s'il y a des siècles que les croisades ont eu lieu, au Moyen Âge, elles n'en ont pas moins laissé une cicatrice indélébile dans le subconscient collectif tant des musulmans que des Occidentaux. Les événements des tours jumelles ont également créer le potentiel pour laisser eux aussi des cicatrices. Dans la mesure où ces cicatrices persistent dans la mémoire collective, elles sont "inscrites" dans les institutions socioculturelles musulmanes et occidentales,

La persistance de ces cicatrices conforte certains stéréotypes, amenant certains Occidentaux à affirmer : "les musulmans sont hostiles à la démocratie, aux femmes, aux homosexuels et aux autres religions". De leur côté, certains musulmans affirment : "l'Occident ne cherche qu'à nous dominer et à diaboliser l'islam".

Des perceptions de ce type ne peuvent que créer des barrières entre les individus et les groupes d'individus. Elles font reculer la possibilité de voir ces personnes et ces groupes entrer sincèrement en contact.

De ce fait, malgré tous les accords de paix et toutes les déclarations de bonnes intentions et de collaboration, encore faut-il que se produise un contact authentique entre musulmans et Occidentaux. Quoi qu'on fasse, les cicatrices durables créent à tort l'impression d'un étranger menaçant et effrayant. C'est ainsi que certains se laissent tromper par l'ombre qui plane sur le subconscient collectif et qui leur dit que les Occidentaux sont des infidèles ou que les musulmans répandent leur doctrine par le glaive. Ces stéréotypes induisent la crainte et font reculer la possibilité d'une relation harmonieuse.

La re-narration, technique psychanalytique de prise en charge des expériences passées, vise à traiter le traumatisme des cicatrices historiques par la déconstruction des narrations qui suscitent méfiance et préjugés.

La re-narration permet à la personne de transformer sa façon de voir des événements traumatisants qui, de menaçants et personnels, deviennent ainsi neutres et objectifs. Lorsque les événements traumatisants sont regardés à travers ce prisme, la tristesse, les blessures, les cicatrices et les larmes deviennent superficielles, neutralisant ainsi la douleur.

Kingdom of Heaven, le film épique réalisé en 2005 par Ridley Scott, est un exemple d'une re-narration des cicatrices tenaces inhérentes aux relations islamo-occidentales. Vaguement inspiré de la vie de Balian d'Ibelin, noble important du royaume des croisés au 12e siècle, ce film prouve que chrétiens, musulmans et juifs peuvent vivre en harmonie tant que le fanatisme est tenu en lisière. Il encourage le public à se détacher de savoir "qui a tort et qui a raison".

On en trouve la démonstration dans les paroles de Balian : "Le Mur? la Mosquée? le Sépulcre? Qui a des droits dessus? Personne n'y a de droits. Tout le monde y a des droits. Nous défendons cette ville, non pour défendre ces pierres, mais pour défendre les gens qui vivent à l'intérieur de ces murailles". Dans ce dialogue, la guerre est décrite, non comme une œuvre d'identité religieuse, mais comme une oeuvre artistique. Kingdom of Heaven transforme les cicatrices, permettant à l'ombre de quitter le subconscient, détruisant les murs qui empêchent une prise de contact honnête avec l'autre.

The Hijabi Monologues offre un autre exemple de re-narration. Ce spectacle, créé par deux étudiants avancés de l'Université de Chicago, crée un espace où les musulmanes américaines peuvent raconter leurs propres histoires avec leurs mots à elles. Par le pouvoir de la re-narration, les préjugés sont tenus en échec et les généralisations remises en cause. Le public a ainsi accès à une expérience humaine partagée et à une perception enrichie de la vie de ces femmes, qui transcendent les jugements superficiels fondés sur la seule apparence.

Grâce à la re-narration, les expériences traumatisantes du passé sont plus facilement acceptées. La personne n'a plus besoin de refaire son deuil à chaque incident de mémoire qui jalonne son parcours. Cette acceptation du passé n'est pas forcément synonyme d'un oubli des événements traumatisants. C'est plutôt une ouverture, l'acceptation d'un incident qui s'est produit dans le passé. Et dans cette ouverture se trouve le pardon inconditionnel de l'autre, qui n'exige pas de retour, puisqu'il n'implique aucun échange financier ou physique.

La re-narration peut s'effectuer grâce à de nombreux supports : photographie, arts plastiques, théâtre, danse, littérature, émissions de télévision, actualités. Ce n'est que par le récit de ces histoires, l'écoute et la compréhension que l'ombre qui se tapit dans le subconscient collectif des musulmans et des Occidentaux – y compris les Occidentaux d'obédience musulmane – pourra être libérée. Alors seulement les tentatives de rapprochement et de réconciliation auront des chances d'aboutir.

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* Audifax est psychologue et auteur de "The Myth of Harry Potter" (2005) et de "Imagining Lara Croft" (2006). Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews), accessible sur www.commongroundnews.org

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007, www.commongroundnews.org
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4) L'Indonésie: reste-t-il encore une voie laïque?
Ali Noer Zaman
 
Djakarta – Lors de son voyage en Indonésie pendant les mois de juillet et d'août 2007, le professeur Abdullahi Ahmed An-Na'im, intellectuel musulman qui enseigne le droit à l'Emory School of Law aux Etats-Unis, y a fait campagne pour que les pays musulmans adoptent la laïcité comme principe de gouvernement. Dans un système de gouvernement laïc, l'Etat n'est pas spécialement fondé sur des doctrines religieuses, dont l'interprétation, soutient-il, sont le monopole de l'autorité. De plus, l'Etat ne devrait pas intervenir dans les croyances et pratiques religieuses de ses sujets, si ce n'est, peut-être, pour subventionner les institutions religieuses.

Le professeur An-Na'im n'approuve pas les efforts des organisations politiques et sociales qui prônent l'adoption de la charia, qui est fondée sur les principes islamiques. A son avis, la charia émane d'interprétations de la doctrine formulées par des érudits d'époques révolues. Ces interprétations surannées ont de nombreuses conséquences, parmi lesquelles la relégation des femmes et des non musulmans au statut de citoyens de second rang.

De fait, ce débat n'est pas nouveau dans le monde islamique. Depuis l'abolition du califat ottoman en 1924 il n'a cessé de faire rage. En Egypte, le livre Islam wa Ushul al Hukm (l'islam et les fondements du gouvernement), de l'érudit islamique Ali Abdul al-Raziq, avait soulevé un tollé: l'auteur soutenait que le message principal du prophète Mahomet concerne uniquement les questions religieuses, les affaires du monde étant renvoyées à l'oumma (la communauté musulmane). Il rejetait l'unification du religieux et de l'administratif entre les mains d'un calife considéré comme successeur du prophète.

Ce n'est sans doute pas par hasard que le professeur An-Naïm a choisi de tenir ce discours en Indonésie, pays ayant derrière lui une longue histoire de nationalisme laïc et qui a encore à tenir tête aux appels à la mise en place d'un Etat qui serait gouverné par des lois religieuses.

Soekarno, le premier président de la République d'Indonésie (1901-1970), était un nationaliste laïc. Il fut le premier responsable indonésien musulman à tenir le discours de la séparation de la religion et de la politique. Rejetant l'islam comme idéologie politique il préférait fonder le gouvernement du pays sur une démocratie laïque. Il ne s'agissait pas pour lui de marginaliser l'islam au sein d'un Etat laïc; il entendait au contraire en faire la force morale de la communauté musulmane.

A l'opposé, Muhammad Natsir (1908-1993), érudit indonésien connu pour son orientation islamiste, pensait que l'islam et l'Etat sont liés de façon inextricable, le premier étant l'idéologie du second. Dans la pratique, si l'Etat devait être régi par l'autorité musulmane, c'est parce qu'il est l'intermédiaire ayant vocation à véhiculer les commandements islamiques, par exemple sur le paiement de la zakat
Lorsque le gouvernement de l'Ordre nouveau de Suharto (1967-1998) intensifia la modernisation, la communauté musulmane en général le soupçonna d'avoir un programme secret destiné à atténuer le rôle de l'islam dans la vie sociale et politique. Pour sortir de l'impasse, le jeune penseur Nurcholish Madjid (1939-2005) fit une percée en avançant l'idée que les valeurs islamiques pouvaient se réaliser à travers le développement spirituel et culturel. Traiter l'islam comme une idéologie politique ne pouvait qu'aboutir à piéger la religion en l'impliquant dans des conflits d'intérêts politiques. En d'autres termes, oui à l'islam, non à des partis politiques islamiques.

L'Indonésie de l'après-Suharto conserva la pancasila, idéologie politique dont les éléments étaient la croyance en un seul Dieu, l'humanité, l'unité du pays et la justice sociale. Cependant, on entendait encore des appels à l'instauration de la charia, alors même que de nombreuses organisations sociales musulmanes cherchaient à intégrer certains aspects de la charia sous le couvert d'un amendement du chapitre 29 de la constitution de 1945, qui stipule que la communauté musulmane doit pratiquer sa religion intégralement, mais dans le cadre de règlements locaux.

Lors de l'enquête nationale organisée en 2002 par le Centre de recherches de l'islam et de la communauté de l'Université d'Etat Syarif Hidayatullah, la communauté musulmane d'Indonésie manifesta également un intérêt croissant pour un Etat islamique. Selon cette étude, par exemple, 71 % des personnes interrogées approuvaient l'application de la charia en Indonésie. Mais il convient de noter que 33 % étaient d'accord pour qu'on coupe la main de celui qui a volé, châtiment quintessenciel, pour certains, de l'esprit de la charia appliquée. Ces résultats semblent indiquer que la majorité des personnes interrogées diverge dans leur interprétation de ce que la charia devrait être.

De plus, les résultats des élections démocratiques de 1999 et de 2004 semblent indiquer que la majorité des Indonésiens restent fidèles à des partis nationalistes laïcs tel le Golkar, c'est-à-dire le parti des Groupes Fonctionnels, et le Parti Démocratique Indonésien du Combat, plutôt qu'à des formations d'inspiration islamique, tel le Parti Uni du Développement et le Parti de la Justice Prospère.

Qui plus est, un sondage national réalisé par l'Institut indonésien de sondages au début octobre a révélé un recul du soutien à des organisations islamistes radicales comme la Jamaat Islamiyah, le Front des Défenseurs de l'Islam, le Hizbut Tahrir indonésien et le Conseil Indonésien des Martyrs, ceci pour toute une série de raisons, à commencer par la pénurie de leurs ressources financières et par leur incapacité à transposer les valeurs islamiques en mouvements sociopolitiques.

Si on veut en croire le résultat de ces sondages, ce n'est pas demain que l'Indonésie se transformera en Etat islamique.

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*Ali Noer Zaman écrit sur des sujets socio-religieux. Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews), accessible sur www.commongroundnews.org

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007, www.commongroundnews.org
Reproduction autorisée.
 
 
5) ~L'opinion des jeunes ~ Quand la BD rapproche les peuples
Michael Chou et Youssef Morshedy
 
Washington/Maadi (Egypte) - On peut voir les tensions entre le monde musulman et l'Occident comme une "guerre des idées", chaque camp essayant d'influencer "les cœurs et les esprits" de l'autre. Ce paradigme suggère qu'au coeur de cette tension se trouvent des erreurs d'appréciation et des préjugés sur la culture, les valeurs et l'idéologie de l'autre. On peut donc supposer que des initiatives de diplomatie publique qui s'attaqueraient à ces causes profondes pourraient efficacement améliorer les relations islamo-occidentales.

A cette fin, les gouvernements et d'autres organismes accordent une attention croissante aux aspects culturels de leurs entreprises diplomatiques, à travers des initiatives telles que des festivals internationaux de cinéma et des foires du livre qui font connaître des cultures et des valeurs différentes à des populations étrangères.

Il est entendu que toute relation de qualité doit être à double sens. Pour apaiser les tensions entre les cultures, il faut de part et d'autre être prêt à s'instruire sur l'autre. Plus important, il faut que les deux parties prennent l'initiative de communiquer leurs valeurs pour valoriser la compréhension interculturelle.

La grosse surprise, c'est que cet échange d'idées, de valeurs et de perspectives entre musulmans et occidentaux peut se faire par le monde des bandes dessinées et des animations.

Depuis une dizaine d'années, les industries de la BD et du dessin animé, dominées semble-t-il par des entreprises japonaises, brassent des milliards de dollars. L'ascension de l'industrie japonaise de la BD et de l'animation est cependant de fraîche date. Il y a vingt ans déjà que les séries japonaises de BD et de dessins animés ont acquis une immense popularité aux quatre coins de la planète. Comme ils se rpésentent subrepticement sous forme de produits culturels japonais, tout porte à croire que, à mesure que la génération actuelle d'enfants grandit, les sentiments anti-japonais subsistant depuis la deuxième guerre mondiale dans des pays comme la Chine seront tempérés par de nouvelles interactions avec la culture japonaise.

Vues sous cet angle, la BD et l'animation semblent être des supports inoffensifs pour communiquer aux enfants des valeurs sociétales. Le fait est que les enfants semblent particulièrement réceptifs à un mélange créatif d'images et de sons, ce qui, on peut l'affirmer, améliore aussi la qualité de la communication. C'est en ciblant les enfants, dirigeants futurs de la planète, que les semences de la compréhension interculturelle se propageront.

Du côté des adultes aussi, il semble que, en attirant des publics transnationaux, les éléments culturels et contreculturels de la BD et de l'animation ont pu créer et mobiliser des communautés planétaires. En 2006, le monde a vu la mobilisation des communautés musulmanes à la suite de la publication par un quotidien danois de caricatures du prophète Mahomet. La même année, la Fondation Asie-Europe a réuni à Singapour des dessinateurs de BD de ces deux continents pour travailler sur une publication commune. Ces réactions collectives donnent un exemple du pouvoir extraordinaire de la BD et du dessin animé.

Cela étant, les gouvernements et les organismes privés impliqués dans la politique culturelle et artistique auraient bien tort de se priver de ces deux supports pour faire passer le message culturel.

Déjà des BD musulmanes comme The 99 par Teshkeel Comics ont fait des débuts prometteurs. L'histoire, qui se déroule entre la chute de Bagdad en 1258 et celle de Grenade en 1492, tourne autour de 99 héros, venant de 99 pays, dont chacun possède une "pierre de Nour" qui confère à chacun des 99 des pouvoirs extraordinaires.

Selon le Dr. Naif Al-Mutawa, fondateur et PDG de Teshkeel Media Group, "The 99, qui entremêle des événements historiques et fiction, enseigne les valeurs humaines universelles que consacrent les 99 attributs de Dieu : générosité, force, sagesse, clairvoyance et tant d'autres qualités qui n'entrent malheureusement pas aujourd'hui dans la description du fait islamique. Ainsi, ce ne sont pas seulement 99 valeurs qui sont transmises, mais aussi 99 manières de résoudre les conflits".

En fait, si The 99 réussit si bien à véhiculer l'échange interculturel, c'est parce qu'il réalise la fusion entre ces valeurs islamiques et un style de dessin et de présentation principalement occidental. Le public musulman est ainsi exposé à une esthétique occidentale, tandis que le public occidental, dans un parcours informel mais intéressant, s'initie à certaines valeurs islamiques.

La BD et l'animation peuvent également être utilisées dans des initiatives créatives de diplomatie publique à un niveau intergouvernemental plus officiel. Les initiatives de diplomatie publique peuvent viser à faciliter la coopération entre représentants de gouvernements islamiques et occidentaux, en vue de la coproduction de séries structurées de BD et de dessin animé susceptibles de véhiculer des valeurs culturelles.

La paix et la stabilité du monde doivent reposer avant tout sur la compréhension et le respect de cultures et de points de vue différents. La bande dessinée et le dessin animé, lorsqu'ils sont les vecteurs d'idées et de valeurs culturelles favorisant l'entente, semblent parfaitement correspondre aux besoins d'initiatives novatrices de diplomatie publique allant dans ce sens.

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* Michael Chou et Youssef Morshedy sont des mordus de la BD et de l'animation. Michael termine un diplôme combinant médecine et beaux-arts à l'Université de Melbourne. Youssef étudie le journalisme, la communication de masse et l'administration des affaires à l'Université américaine du Caire. Ils ont écrit cet article ensemble dans le cadre du programme de dialogue interculturel Solyia. Article distribué par le Service de Presse de Common Ground (CGNews), accessible sur www.commongroundnews.org

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 23 octobre 2007, www.commongroundnews.org
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